Hommage à un ‘PIERROT’ : Jean PROUFF

 

Jean PROUFF, ancien international et entraîneur de football, entres autres sous les couleurs du Stade RENNAIS, appartient aussi à l’histoire du sport NANTAIS, son passage à Nantes étant très révélateur de la situation du football dans notre ville durant les années qui ont précédé la seconde guerre mondiale. Il n’est pas question de nier que la carrière de Jean PROUFF est solidement associée à la vie du Stade RENNAIS. Durant 24 saisons il a participé à la réussite de ce club : 12 saisons en tant que joueur, dont 5 PRO en D1 puis 12 saisons en tant que cadre technique. International A, il a été sélectionné 17 fois, dont les deux trop fameuses rencontres contre la YOUGOSLAVIE pour la qualification ratée à la coupe du MONDE 1950 au BRESIL. Le 19 mai 1946 à Colombes, rare exploit, la France battit l’ANGLETERRE 2 à 1 où PROUFF inscrivit le 1er but Français.

 

Il nous semble important du point de vue Nantais que Jean PROUFF ait appartenu pendant deux saisons à la St PIERRE de NANTES, qui venait d’aménager son stade du VIVIER sur une ancienne propriété seigneuriale dont les dépendances du château servent encore aujourd’hui. Ce stade porte depuis 1953, année de son décès, le nom de Joseph GEFFROY, président historique de la St PIERRE, le ‘Patro’ de la paroisse de la cathédrale (St Pierre & St Paul). En 1936 l’équipe fanion du club n’évoluait pas encore dans les difficiles championnats de la Ligue de l’Ouest, auxquels appartinrent les clubs de la Loire-Inférieure jusqu’en 1967, mais seulement en district.

 

Lorsqu’il était à Nantes Jean PROUFF habitait au 172 rue Paul Bellamy. Jean PROUFF obtint son brevet Elémentaire à l’ETS rue du Bel Air, devenu collège Victor Hugo. Il ne fut pas ‘Recruté’ par la St PIERRE, mais il suivit à Nantes son père fonctionnaire des Postes nommé Directeur du service des Chèques Postaux. Mr PROUFF père, grand voyageur, comme le sera son fils, voyait d’ailleurs avec effroi le projet de son aîné de se lancer dans le Football PRO, ‘Métier’ de création récente, fort mal considéré, beaucoup moins rémunérateur qu’aujourd’hui et d’avenir incertain.

 

Important, c’est bien alors qu’il portait les couleurs de la St PIERRE et parce qu'aucun projet sérieux d’adhésion au football professionnel ne s’imposait à Nantes malgré l’ouverture en 1936 d’un ‘Grand Stade’ considéré comme ruineux et inutile par une partie de l’opinion (Stade MALAKOFF septembre 1936 – 9000 places !) que Jean PROUFF, remarqué par les dirigeants du SC FIVES engagé dans le championnat Professionnel de 1ère division rejoignit en 1938 les rangs du club Nordiste. Il venait d’être sélectionné, il est vrai, en équipe de la Ligue de l’Ouest Senior, formation amateur de très haut niveau pour le football de l’époque où il côtoyait des joueurs beaucoup plus âgés que lui dont BODEZ et LONCLE.

 

L’épisode décisif fut une double confrontation avec le SC FIVES durant les fêtes de la Pentecôte :

            Samedi 21 mai 1938, stade du Plessis à St NAZAIRE. Le SC FIVES rencontre une sélection de Loire-Inférieure et remporte le match 2 à 1, but de PROUFF, inter-droit. L’arrière droit était Henry EON père de Daniel.

            Dimanche 22 ami 1938, stade MALAKOFF : SC FIVES – St PIERRE (renforcée) 6-2.

 

Il est cocasse de noter que le chroniqueur sportif du ‘Phare de la Loire’, A. PIC toujours très indulgent avec les joueurs de rugby, était fort sévère avec les manchots et qu’il portait en particulier un grand mépris à Jean PROUFF qualifié de ‘Fignoleur’. Le même A. PIC écrivait sans honte la saison suivante que le départ de PROUFF était durement ressenti par la St PIERRE nouvelle venue en PH de Ligue.

 

Pour l’éternité Jean PROUFF restera donc le premier footballeur Professionnel Nantais. En 1943 lorsque la St PIERRE championne de l’Ouest de football abandonna sa place au FC Nantes, club nouvellement créé, plusieurs  joueurs ‘PIERROTS’ signèrent au FC Nantes et devinrent professionnels.